Stéphane Billot vit et travaille à Grenoble. Sa pratique artistique, où la performance et l’installation jouent un grand rôle, naît d’une observation fine et critique de la vie quotidienne qu’il détourne et questionne avec ironie et poésie. Stéphane Billot développe un imaginaire autour de « l’invu », un terme qu’il utilise pour qualifier « non pas ce qui est invisible mais ce qui est occulté, mis en marge, pas pris en considération ». Ainsi, il s’attache notamment à explorer les zones géographiques périphériques ou délaissées, les à-côtés. Ses interventions sont souvent discrètes autant que radicales, décalées autant qu’engagées.
Stimultania, 2021
Le travail de Stéphane Billot est issu de la performance.
Progressivement il s'est mis à ancrer sa pratique dans différents interstices ou différents milieux éloignés voir antagoniques au monde de l'art.
Qu'il fasse des « sculptures » régressives et clandestines avec des employés dans une boulangerie industrielle, qu'il peigne des pierres dans un bidonville ou qu'il fasse des contrefaçons absurdes d'un best-seller qu'il remet en rayon, il s’insère dans des interstices, crée un court-circuit qui questionne et prolonge les contextes existants.
Plus largement, il performe sa propre quotidienneté, son propre environnement, comme avec ses nombreuses « interventions urbaines dans l'espace absurde ».
Il en découle fréquemment un questionnement (voir un retournement) des normes, signes ou valeurs. Mais aussi une cartographie subjective d'un territoire en mutation.
La poésie fragile, drôle et désespérée, et l'acidité ne sont jamais loin.
Isabelle Crespo Rocha
La furtivité se retrouve dans le travail de Stéphane Billot, lorsque celui-ci profite des conditions données par un emploi pour travailler en perruque1 à la production d'une œuvre {Outsiders, 2010-2013), lorsqu'il reconstitue au sol la future vitrine d'un immeuble en construction grâce à des morceaux de verre récupérés dans un bâtiment désaffecté {Bleu presque transparent, 2013).
Si le thème de la furtivité est un fil rouge dans l'œuvre de Stéphane Billot, c'est de l'«invu»2 dont il s'agit également: non pas ce qui est invisible mais ce qui est occulté, mis en marge, pas pris en considération. Ces propositions questionnent donc la marge, la périphérie, esthétique, géographique ...
Tout en remettant au centre une périphérie géographique, culturelle et sociale, ses interventions rendent compte d'une pratique multiple, sans centre justement mais constituée d'une somme de marges, d'à-côtés, qui forment un tout. Son travail offre un regard sur l'invu et sur une pratique discrète autant que radicale.
extraits du texte de l'exposition "c'est bien peint", galerie Showcase, 2016
1 Michel de Certeau décrit le phénomène de la « perruque » comme l'action de « soustraire à l'usine du temps [ ... ] en vue d'un travail libre, créatif et
précisément sans profit » ; cf. Michel de Certeau, L'invention du quotidien 1. arts de faire, Paris, Gallimard, Folio essais, 1990, p. 45.
2 Jean-Luc Marion définit l'invu comme« l'invisible par défaut » qui devrait être vu mais ne l'est pas, et que l'oeuvre
rend visible; cf. Jean-Luc Marion, De surcroît. Etudes sur les phénomènes saturés, Paris, PUF, 2001.
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